فيلموغرافيا FILMOGRAPHIE

سُكَّر SUKAR

2019 | 10’ | 16mm

Barney Production, Mont-Fleuri Production

Synopsis

Sur la plage de Casablanca, le désir de deux adolescents se fait discret. Enfants comme adultes surveillent. Une bagarre détourne l'attention.

Prix & Festivals

Champs Elysée Film Festival | 2020 | Prix du Jury & Prix France Télévisions 

Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient | Prix du public | 2020 

Medfilm Festival di Roma | Cervantes award | 2020 

Paris Court Devant | Mention du jury | 2020 

Winter Apricots | Best Short Film | 2020 

Il Varco ISFF | Best film Award « Hollow man » & Best Editing | 2021 

FIFOG Genève| FIFOG d’Or compétition scolaire | 2021 

Magma FF | Lorenzo Vecchio Award (Best Short) | 2021 

Dakar court | Grand Prix | 2021 

Russian Indie FF | Best director | 2022

Lobo fest Brasil | Prix du Jury| 2022

Linz International SFF | Jury special mention | 2022

Cinemed | Montpellier | 2019 

Kino Pavasaris Vilnius | 2020 

Glasgow Short Film Festival | 2020 

Internationale Kurzfilmtage Oberhausen | 2020 

IndieLisboa | 2020 

Uppsala Short FF | 2020 

Festival Court en plein air de Grenoble | 2020 

Alternativa Barcelona HALL | 2020 

Côté-court Pantin | 2020 

Bogoshorts | 2020 

Zinebi Bilbao | 2020 

Toronto Arab Film Festival | 2020 

Aflam Mucem Marseille | 2020 

Alcine Tarifa | 2020

Chicago International children film festival | 2020

Festival du film court de Villeurbanne | 2020

Festival du film cout d'Auch | 2020

Filme’on Bruxelles | 2020

Festival franco-arabe de Noisy le sec | 2020

Passaggi D’Autore | 2020

Festival Silhouette | 2021 

Young French Cinema – Unifrance | 2021 

La Guarimba | 2021 

Leiden shorts | 2021

Interfilm Berlin | 2021 

Mizna Arab Film Festival U.S | 2021 

TISFF Grèce | 2021 

Vues D’Afrique Montréal | 2021 

Minimalen kortfilm festival | 2021

BUFF Malmo | 2021

2ANNAS RIGA | 2021

Poland Sneakers film fest | 2021

Alfilm Bruxelles | 2021

Lago FF | 2021

Manlleu FF | 2021

RMDCDH Rabat | 2021

Cinémas d’Afrique Lausanne | 2021

DC shorts Washington | 2021

FAMECK | 2021

Festival des Cinémas d'Afrique APT| 2021

Lublin FF | 2021

RFC Madagascar | 2021

Semaine du film européen au Maroc | 2022

Festival de Cine Frances Lima | 2022

Semaine Asymétrique Marseille | 2022

La Fête du court-métrage| Talent | 2023

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DIffusion France 2

Crédits

Réalisation & Scénario : Ilias El Faris

Distribution :  Nisrine Benchara | Walid Rakik | Shakib Ben Omar | Mustapha Bamad | Yassine Would Zineb

Production : Saïd Hamich | Sophie Penson

Musique :  Nabil El Amraoui

Chef opérateur :  Robin Fresson

Ingénieur son :  Mohamed Bounouar

Montage image :  Léo Richard

Montage son :  Elias Boughedir

Mixage : Jules Jasko

1er assistant :  Ayoub El Jamal 

Costumes : Otmane El Khamarri 

Accessoires : Khalid El attafi

Régisseur général : Ahmed Lamkaalel

Affiche| générique : Marine Le Thellec

 
 

Entretien, Festival Silhouette, Paris, septembre 2021.



Peux-tu nous raconter la genèse du film ?

Il y a une origine un peu lointaine, « le baiser de Nador », un fait divers survenu en 2013 dans une ville du nord du Maroc. Deux adolescents s’embrassent à la sortie des cours, une photo prise par un téléphone circule sur Facebook et leur vaut dès le lendemain une incarcération. Un énième “scandale” qui divise les conservateurs et les progressistes. Par solidarité, un kiss-in est publiquement organisé à Rabat devant des journalistes, mais immédiatement empêché par un jeune homme, hors de lui, qui leur jette des chaises en les insultant. 

Autour de moi, certains trouvaient ça normal. J’étais en colère et inquiet, mais je ne pensais pas du tout faire un film.

Quelques années plus tard, sur la plage d’Aïn Diab, je croise la familière police montée qui parade en surveillant les couples trop indiscrets ou non mariés pour leur retirer de l’argent. Ils incarnaient parfaitement - aussi pittoresques que risibles - ce climat délétère, de répression du désir et des moeurs qui pèse quotidiennement sur de jeunes innocent.e.s

Leur présence immisce une espèce d’intranquilité sur la plage, qui demeure pour les couples le lieu romantique privilégié pour se tenir la main, s’embrasser etc… comme partout ailleurs - avec cette différence qu’il y a une tension, la crainte de se voir infantilisé, criminalisé…

C’est cette contradiction entre un monde solaire, naïf, enfantin, romantique et cette violence sourde que je trouvais intéressante et qui m’a poussé à faire le film. Et puis ce constat très simple : deux hommes qui se battent choqueront moins que deux personnes qui s’embrassent.

Ensuite, j’ai écrit vite, intuitivement, comme un jeu surréaliste avec des motifs : bâton de sucette/pied de parasol, sucette/balle de raquette/ballon, sucre/sable etc…

Pouvez-vous nous parler de la tonalité du film ?

J’imaginais un sketch burlesque, poétique.

Je cherchais surtout une tonalité qui ne soit pas accablée. On ne manque pas de films qui rappellent à quel point c’est dur de ce côté là de la Méditerranée. 

Je voulais qu’il y ait le souffle et la force d’un couple rebelle qui triomphe par amour et vitalité malgré le contexte. Aussi, il m’importait de leur rendre leur innocence.

C’est pour ça qu’à la fin, l’arrestation est détournée comme une balade romantique sur les chevaux au coucher du soleil. Comme si, finalement, ils avaient gagné ça, que c’était la cerise. D’où ce fou rire « cathartique » entre eux, pour désamorcer le tragique.

Enfin, je voulais que toutes les figures du film soit désirantes. Qu’on ressente qu’on était dans un endroit du monde où les gens s’aiment, désirent, peuvent être dans une naïveté romantique, avec encore une fois, cette différence amère, l’intimité difficile voir impossible, qui force à des détours.

Peux-tu expliquer ce titre “Sucre” ?

Pour moi, il y avait tout dans ce titre : l’enfance, la volupté, la plage, la tentation, le désir… Et puis il y a le thé, la sucette, les beignets, le chewing-gum, le sable qui sont traités comme des éléments indirectement charnels.




روجولة ROUJOULA

2017 | 22’ | HD

Barney Production, Mont-Fleuri Production

Synopsis

Imad, vendeur ambulant de dvd piratés sur une avenue casablancaise, n’a toujours pas la somme pour acheter le mouton à sacrifier. L’occasion pour lui d’exploiter Fayçal, son petit frère étudiant, à faire le gardien de voitures sur le trottoir d’en face. 

Prix & Festivals

CINEMED | Montpellier | Grand Prix | 2018

Festival National du Film de Tanger | Prix du jury & Prix du scénario | 2018

Festival du film franco-arabe de Noisy-Le-Sec | Prix du jury | 2018

Compétition Internationale | Clermont-Ferrand | 2018

Palm Springs Shortfest | 2018

Interfilm Berlin | 2018

Les journées cinématographiques de Keirouan | 2018

Les journées cinématographiques de Fes | 2018

Festival International Al Hoceima | 2018

Festival Séquence | Toulouse | 2018

Festival Passagi di Autore | Sardaigne | 2018

Medfilm Festival di Roma | 2018

Festival du court métrage méditerranéen de Tanger | 2018

Festival du cinema d’Afrique d’Apt | 2018

Annual Arab Film Festival | San Francisco | 2018

AFLAM du Sud | Bruxelles | 2018

Locarno Film Festival | Filmmakers academy | 2018

Festival du film d’Oujda | 2018

Leiden International Shortfilm Festival | 2018

Festival Le Court nous Tient | 2018

Festival de Cine Africano de Tanger | 2018

Amman international film festival | 2018

Ayam Beirut Al Cinema’iya | 2019

PCMMO Panorama des cinémas du Maghreb et du moyen orient | 2019

Alfilm Berlin | 2019

Atlas Electronic Festival | 2019

Festival international séquence Court Métrage | 2019

Apulia Web Fest | 2019

Festival Ciné-ville de Fés | 2019

Toronto Arab Film Festival | 2020

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Diffusion Canal +

Crédits

Réalisation & Scénario : Ilias El Faris

Distribution :  Imad Fijjaj | Abderrahim Tamimi | Fairuz Amiri | Hassan Badida

Production : Saïd Hamich | Sophie Penson  

Chef opérateur :  Robin Fresson

Assistant opérateur : Cyrille Hubert

Ingénieur son :  Abderrazak Amouzoune

Décor : Rachid El Arabi

Montage image :  Léo Richard

Montage son :  Romain Ozanne

1er assistant :  Simoka Aouragh

Régisseur général : Ahmed Lamkaalel 

Musique :  Antonin Fresson | Balthazar Naturel | Samuel F’Hima

Ilias El Faris, Roujoula, Imad Fijjaj, Abderrahim Tamimi

Entretien, Clermont-Ferrand, février 2018.

Comment avez-vous eu l’inspiration pour Roujoula ?
À Casablanca, ville où j’ai grandi, ville où des jeunes diplômés investissent la rue pour travailler. Je cherchais un DVD chez un vendeur ambulant qui n’était pas de mon quartier. Alors que je me perdais un peu dans sa logique de classement, il m’a dit naturellement :
« Ici, t’as les histoires. »
… Quelles histoires ?
« Histoires vraies, histoires d’amour… Histoires quoi ! »
Voilà. J’avais un personnage, il me fallait une histoire. J’ai commencé à imaginer une chronique autour d’un vendeur, où le DVD provoquerait l’échange, serait le prétexte pour révéler indirectement des aspects de la société marocaine, et ce qu’il reste de son rapport au cinéma. La relation au frère est venue après, au fur et à mesure de l’écriture, en prenant le dessus.

 Quel rapport avez-vous aux vendeurs de DVD piratés ?
C’était ma cinémathèque, mon ciné-club, mais surtout un lien humain. J’appartiens à une génération qui a vu les « Moul DVD » (vendeurs) pousser aux coins des rues et dans les souks. Redouane vendait des DVD piratés dans mon quartier, à deux pas du cadavre d’un cinéma colonial que je n’ai pas connu. Au milieu des passants indifférents, il ressemblait à un forain devant une attraction d’un autre temps, comme si le cinéma, ayant déserté les salles, n’existait plus que dans ses pochettes fluorescentes de blockbusters. Il n’aimait pas particulièrement le cinéma mais c’était son gagne pain. Ce que je préférais, c’est quand il pitchait un film qu’il n’avait même pas vu. Pour beaucoup de gens, il est le critique public, ou un genre d’AlloCiné à lui tout seul.

 Qu’est-ce qui vous intéressait dans la relation entre les deux frères et le rapport à leur père ?
Le Maroc est une grande fratrie mais il vaut mieux être le grand frère. On s’appelle tous « mon frère » ou « mon fils », mais la violence des rapports de force - et de classe - n’en est pas exorcisée pour autant. Ici, c’est l’histoire du petit frère qui prend sa revanche sur le grand, dans un duel qu’il aurait voulu éviter. Le Mythe d’Abel et Caïn version Aïd Kebir. Imad met en face de lui, son petit frère à l’épreuve de la rue, cherchant à lui ôter ses illusions d’élève studieux. Comme si sa réussite potentielle menaçait sa position d’aîné, contredisait la fatalité sociale qu’il invoque pour se justifier, se consoler. Au fond, Imad ne fait que décharger sur Fayçal, la pression sociale (et particulièrement celle du père) qui pèse sur lui. En prenant “en otage” son frère, il se sent, un temps, moins faible et moins seul. Aussi, je voulais qu’on ressente cette complexité, cette ambiguïté tragi-comique faite de petites humiliations et de culpabilité.

 Envisagez-vous de réaliser d’autres films mettant en scène les relations familiales ?
Je ne sais pas. Ce qui m’intéresse au-delà de la famille, mais qui est absolument le cas en famille, c’est ce dont on peut difficilement s’affranchir - un lien affectif ou sa condition sociale. Comment continuer à être soi à plusieurs. Un dilemme courant au Maroc, où individualité rime souvent avec solitude ou transgression. Faire autrement, c’est un peu trahir les siens.

 À quel point le sacrifice d’un mouton pour l’Aïd Kebir est-il important au Maroc ?
J’ai imaginé le film à la veille de l’Aïd El Kebir (la fête du sacrifice) parce que cette fête rappelle ou détermine qui est l’homme de la maison : celui qui achète le mouton et l’égorge. D’où la double peine pour Imad. Un moyen de témoigner sa foi mais aussi d’affirmer ostensiblement sa santé sociale. Ne pas acheter le mouton touche à la dignité. C’est pourquoi, même si chacun est censé faire en fonction de ses moyens, la plupart des familles se saignent pour se les donner. Il existe un certain nombre de crédit pour ne pas y faillir. Toutes les pubs le rappellent, la pression est totale.

 Êtes-vous intéressé par la thématique de l’émancipation personnelle et avez-vous d’autres projets autour de cette question ?
Je ne fonctionne pas vraiment avec des thématiques, plutôt avec le désir de filmer des personnes dans un lieu que je considère tout aussi signifiant, avec lequel je partage une certaine intimité. Je crois que mes deux premiers films ont en commun de parler d’une jeunesse qui n’a pas connu la colonisation mais qui continue de subir des modèles venus d’ailleurs, seules promesses prétendues d’émancipation. Donc oui l’émancipation, l’idée de déjouer des trajectoires déterministes permet la fiction, permet l’espoir. Et avec un peu d’humour c’est le meilleur moyen que je connaisse de dépasser le premier degré du désœuvrement, le constat sociologique.

 Avez-vous écrit Roujoula comme un tout ou fait-il partie d’une plus grande histoire ? Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apporté en particulier ?
J’ai écrit Roujoula comme un tout mais ce serait intéressant d’imaginer une suite… Le format court subit moins la pression du marché qui standardise tout. Il stimule plutôt un désir d’expérimentation et peut encore être un espace fragile, impure, surprenant. Pour ma part, en dehors des limites habituelles du court (temps et budget restreint), je n’ai senti aucune pression et j’ai pu compter sur la bienveillance tranquille du producteur, Saïd Hamich, grâce à qui j’ai pu réaliser le film dans de bonnes conditions.

 

ⴰⵣⴰⵢⵣ AZAYZ

 2015 | 12’| Super8

Ilias El Faris|Norte Production

Synopsis 

Crochet en main, Abdullah - six ans - erre sur les rochers de Taghazout, d’où surgissent d'étranges hommes de mer. 

Prix & Festivals

Doclisboa ’16 | Prix du Jury

FIAV / Festival International Art Vidéo de Casablanca 

MedFilm Festival di Roma 

Festival Côté-Court | Pantin 

Festival Tous courts | Aix en Provence 

European Media Art Festival | Osnabrück, Allemagne

La Brèche Festival | Aix-les-bains, ciné-concert d’ouverture par Othman Louati et Romain Louveau

Partie(s) de campagne 

Journées cinématographiques de Carthages 

Crédits

Réalisation & Scénario : Ilias El Faris

Distribution :  Abdallah Azeroual 

Production : Ilias El Faris, Valentina Novati

Image :  Robin Fresson, Ilias El Faris

Son :  Ilias El Faris

Montage image :  Mathias Bouffier

Montage son | Mixage :  Romain Ozanne

Note d’intention, juin 2015.

Taghazout est le village de mon enfance.

Avant de devenir un spot de surf puis une station balnéaire internationale, ce petit village portuaire - près d’Agadir sur la côte atlantique - était pour moi secret. Tout juste levé, j’allais de mes petits pieds nus réveiller le sable encore humide. À l’aube, j’errais seul quand les barques revenaient, et des enfants, crochets en main, pas plus hauts que moi, parcouraient les rochers vers le port. Dans leurs sacs plastiques, ruisselaient des poulpes agonisants qu’ils allaient vendre à la criée. Avec leurs crochets rouillés et leur détermination de bande, ils me faisaient un peu peur, mais j’étais fasciné par la grâce aveugle avec laquelle ils sautaient de rochers en rochers. Je me souviens surtout de mon effarement devant le poulpe achevé contre la roche. Impitoyables, ils répétaient ce geste que leurs aînés, travailleurs de la mer, avaient rendu instinctif.

Plus tard, avec la lumière du soleil, apparaissaient les surfeurs glissants sur les vagues. Seuls ces adultes en combinaisons avaient le luxe de prolonger l’enfance.

Ainsi, j’ai voulu filmer un enfant issu du village dont le chemin et le regard donneraient à sentir ce contraste. Un regard aussi fasciné qu’inquiet devant l’étrangeté - parfois hostile - des hommes de mer, surgissants comme des fantômes.

Je souhaitais fabriquer ce film en super8 pour que le grain de la pellicule, le crépitement des matières, travaille l’aspect hallucinatoire de l’eau - “L’eau et les rêves” de Gaston Bachelard - crée un onirisme modeste proche de sensations d’enfance : quand un visage impressionne pour toujours. Quand, en silence, s’éveillent les questions, les désirs, les blessures.

Enfin, je voulais suspendre, avec une nostalgie primitive et naïve, la beauté crépusculaire du village. Comme un adieu.

Presse

Libération, Courts de récré, Jérémy Piette

Otroscineseuropa, Gonzalo de Pedro Amatria, Doclisboa

Cahiers du Cinéma, Surgissements à Pantin, Hugues Perrot

Rétrospective des films à la Cinémathèque de Tanger, mars 2022.